Le projet CEAMaS livre ses premières impressions

Le projet interrégional Civil Engineering Applications for Marine Sediments, regroupant la France, la Belgique, l’Irlande et les Pays-Bas se termine. Il visait à proposer un outil d’aide à la prise de décision quant à la gestion des sédiments marins et à leur réutilisation dans des applications de génie civil. En effet, le problème de la gestion des sédiments de dragage peut se transformer en une véritable opportunité pour le génie civil grâce à l’apport de quantités importantes de matières secondaires (essentiellement du sable et des granulats) utilisées dans l’industrie (particulièrement les matières secondaires qui se raréfient dans certaines régions en raison d’extraction intensive). L’objectif principal de l’étude était d’effectuer une comparaison des différents systèmes de gestion des sédiments (y compris la valorisation dans les applications de génie civil), tout en explorant la durabilité des différentes procédures globales de gestion des sédiments et se conformant aux normes ISO 14040 et 14044. Le rapport d’ACV a fait l’objet d’une revue critique effectuée par le CIRAIG.
Contexte
Les sédiments marins sont des dépôts de particules fines d’une taille moyenne allant de 10-6 à 10-2m. Ils proviennent d’étendues d’eau marine, des secteurs amont des rivières ou même de l’atmosphère elle-même. La cause de ces particules peut être naturelle : être en provenance de débris d’animaux et de végétaux, être due à l’érosion naturelle ou à des activités anthropiques (industrie et agriculture). Le phénomène de sédimentation des particules dans l’eau est particulièrement important dans les zones de faible débit, telles que les ports d’estuaire où les dépôts de particules peuvent s’empiler jusqu’à obstruer les canaux. Non seulement des dizaines de millions de tonnes de sédiments sont extraits chaque année en Europe, mais les déblais de dragage sont souvent contaminés (Cabana , Lesven et al., 2010)
Figure 1 : D’importantes quantités de sédiments sont draguées chaque année en Europe du nord-ouest
Méthode
Une Analyse du Cycle de Vie a été réalisée pour corroborer la pertinence de la gestion des divers sédiments dans la zone nord-ouest de l’Europe. Les étapes suivantes : dragage, transport et déversement ont été étudiées au travers de huit scénarios. L’étude a été menée conformément aux exigences de la norme ISO 14040-44, 2006 et de l’ILCD (International Reference Life Cycle Data System).
Figure 2 : Structure de l’Analyse du Cycle de Vie (adaptation de la norme ISO 14040, 2006)
Les conclusions finales sont le résultat de plusieurs itérations. L’analyse du cycle de vie a commencé par un travail de criblage, pour être ensuite complétée par des études complémentaires (pour les données spécifiques) menées par les partenaires du projet, ainsi que par des données issues de la littérature. Par ailleurs, plusieurs analyses complémentaires ont été réalisées comme l’identification des hotspots, la normalisation des données, les indicateurs de qualité des données, une étude de sensibilité et d’incertitude. Ces analyses complémentaires ont été complétées à l’aide d’un recensement des substances manquantes dans la caractérisation des systèmes.
Figure 3 : Classement des catégories d’impact par étape (dragage/transport/ déversement) tout au long du processus de gestion
Figure 4 : Exemple d’analyse de sensibilité (distance de transport)
Figure 5 : Exemple d’analyse d’incertitude (par catégorie d’impact)
Dans un premier temps, les étapes/phases les plus impactantes au sein de chaque système ont été identifiées par le biais d’une analyse de contribution. Leur sensibilité a ensuite été testée pour corroborer leur pertinence réelle dans l’ensemble du système de gestion.
Limites
Les impacts environnementaux analysés ont été caractérisés sur dix sept catégories d’impacts. Cependant, certaines limites de l’étude ont été décrites de manière spécifique pour chaque scénario. Ces limites incluent l’impact du rejet actif de polluants, les impacts sur la biodiversité, l’analyse de la fin de vie des produits fabriqués à partir de sédiments.
Figure 6 : La modélisation dynamique a été l’une des principales limites rencontrées
Résultats
Les résultats apportés par le projet CEAMaS sont :
- L’évaluation environnementale des divers scénarios de gestion des sédiments
- La comparaison des scénarios par pays
- La comparaison des étapes qui sont communes dans les différents scénarios
- La comparaison de tous les scénarios s’ils se produisent dans les mêmes conditions de transport et de mix électrique
Perspectives
A l’avenir, cette étude pourrait servir de guide pour l’évaluation de la performance environnementale et aider au développement de nouveaux processus et de nouvelles technologies (aussi plus durables). Le rapport de l’étude est force de proposition quant à des outils nouveaux et innovants en ce qui concerne le développement d’applications de génie civil, dont les objectifs seraient :
- Le développement d’une méthodologie européenne sur la réutilisation des sédiments applicable pour tous les ports et pour tous les types de sédiment
- Le renforcement de la capitalisation du savoir et la sensibilisation aux solutions de réutilisation des sédiments au travers d’un Centre de Ressources Européen
- La promotion d’une réutilisation bénéfique des sédiments marins dans les applications de génie civil, ceci d’une manière économiquement, socialement et durablement acceptable.
Figure 7 : Le projet CEAMAS a pour but d’améliorer la durabilité des procédés et des technologies utilisés
Les partenaires du projet
Les partenaires réunis autour du projet CEAMaS étaient :
- Le programme Interreg IV B Europe du Nord-Ouest (financement) – http://www.nweurope.eu
- Le Conseil Régional Nord-Pas de Calais (co-financement) – http://www.nordpasdecalais.fr
- Le cd2e – http://www.avnir.org – http://www.cd2e.com
- Cycleco (réalisation de l’évaluation environnementale) – http://cycleco.eu
Contact
Pour plus d’informations sur le projet, contacter t.debuigne@cd2e.com.