Expérimentation de l’affichage environnemental : plusieurs entreprises de l’agroalimentaire participent, anticipant de la sorte la future obligation

Donner le choix au consommateur, lui permettre d’opter pour le produit le plus écologiquement pertinent : une loi issue du Grenelle de l’environnement prévoyait de rendre obligatoire l’affichage environnemental (et donc l’analyse du cycle de vie des produits) au 1er janvier 2012. Mais les entreprises n’étaient pas prêtes. Dans l’attente des décrets d’application, attendus courant 2013, une phase expérimentale a donc été lancée.
Cent-soixante entreprises y participent au niveau national, parmi lesquelles Langloys Traiteur. L’entreprise agroalimentaire de Ceyzériat (47 personnes, 9 millions d’euros de chiffre d’affaires) a lancé l’expérience sur deux produits, un tartare de saumon et une soupe de tomate au basilic. Pour elle, cet engagement s’inscrit dans la continuité d’une démarche de certification Ecocert ou encore ISO14001.
C’était l’occasion de nous doter d’outils supplémentaires pour notre approche environnementale, explique Martial Goyard, responsable qualité, hygiène, sécurité et environnement (QHSE). Il y a deux ans, Casino, pour qui nous produisons sous marque de distributeur, nous avait déjà demandé d’évaluer les émissions de carbone de nos produits. Mais nous n’étions pas encore dans l’analyse du cycle de vie des produits, qui prend en compte tous les éléments nécessaires à leur production et tous les usages, depuis l’extraction ou la culture de la matière première jusqu’au traitement du déchet ultime. Les choses sont beaucoup plus fouillées, ce qui est très intéressant pour une entreprise désireuse de s’améliorer, notamment d’optimiser et rationaliser ses process à travers une évaluation des consommations énergétiques.
L’analyse du cycle de vie, certaines entreprises s’en sont fait une spécialité. C’est le cas de Cycleco, bureau d’étude à Ambérieu-en- Bugey.
Emissions de gaz à effet de serre, consommation de ressources énergétiques non-renouvelables, eutrophisation (dégradation des milieux aquatiques), consommation d’eau, écotoxicité (émissions dans l’eau de substances toxiques)… Nous analysons les composants et les méthodes de transformations pour évaluer les impacts à chaque étape, explique Jérôme Payet, son dirigeant. Dans l’attente des décrets d’application sur l’affichage environnemental, beaucoup d’entreprises nous contactent pour éco-concevoir leurs produits et pouvoir afficher de bonnes performances. L’analyse du cycle de vie est en effet un outil d’évaluation qui permet d’aider à la prise de décision pour réduire l’empreinte environnementale d’une production.» Pour le spécialiste, cette demande est le signe qu’entre affichage et éco-conception, les produits vont progresser vers de moindres impacts, tout en gardant leurs performances techniques et le service rendu.
Martial Goyard, lui, note que toutes ces données n’ont de sens que comparées à d’autres.
Il faudra trouver un standard, unegrille compréhensible par le consommateur ets’assurer de la sincérité des informations communiquéespar les entreprises», relève-t-il.
En attendant, Langloys Traiteur participe avec une dizaine d’autres entreprises (dont Moulin Marion, Phil Xn et Giraudet) à un projet collectif régional. Celui-ci doit leur permettre d’accéder à l’éco-conception de leurs produits alimentaires et à l’affichage environnemental, avec l’accompagnement de Cycleco et du CEEI Alimentec, ainsi que l’appui financier de la Région et l’ADEME. Il reste une place dans le groupe pour une PME supplémentaire.
Article Vers une analyse par produit. Auteur : Sébastien Jacquart – Le Courrier Economie n° 11876 – 26/04/2012.